Généralités concernant les méthodes photométriques pour les essais de volumes

Des méthodes photométriques alternatives à la gravimétrie existent. Elles sont très performantes pour les essais sur les petits volumes de l'ordre du µL (par exemple pour vérifier des pipettes à piston à des volumes vers 1 µL) là où les méthodes gravimétriques sont d'application très délicates (nécessité de balances au µg et difficultés pour gérer l'évaporation. Dans ces méthodes, il s'agit en fait de mesurer des facteurs de dilution par photométrie et de les relier au volume inconnu soumis à l'essai. Pour être convenables, les résultats obtenus doivent pouvoir être associés à une détermination rigoureuse d’incertitude : un calcul analytique d'incertitude-type composée combinant les caractéristiques métrologiques du spectrophotomètre utilisé, les déviations à la loi de Beer-lambert, les effets des variations de température, les caractéristiques de la verrerie de classe A nécessaire …
Il existe deux méthodes photométriques décrites dans la norme ISO 8655-7 :2005(F) et le rapport technique ISO/TR 16153 :2004(F) :
• la méthode dite « en cellule d'écoulement » (cuve à circulation) ;
• la méthode dite « à deux colorants et changements de cuves ».


La méthode dite « en cellule d'écoulement » (cuve à circulation)


Deux réactifs sont nécessaires : une solution tampon phtalate pour réaliser les zéros d'absorbance et les dilutions, une solution mère de Ponceau S colorant qui absorbe à 520 nm et pas à 650 nm. Voici un schéma donnant le principe :

pipet-verif-crleclt-1 (9K)

On utilise un spectrophotomètre à cuve à circulation à température régulée.

• Le zéro spectro est réalisé à l'aide du tampon phtalate en mode double longueur d'onde à 520 et 650 nm.
• La solution mère de Ponceau est diluée R fois à l'aide de verrerie jaugée de classe A, on obtient la solution étalon dont on mesure l'absorbance AS1à 520 nm (due au Ponceau) et l'absorbance AS2à 650 nm (650 nm = λ à laquelle le Ponceau S n'absorbe pas, ceci permettra de s'affranchir des imperfections liées par exemple à de petites particules en suspension).
• Un volume VD de diluant est introduit dans un tube. Le volume VU essai est introduit sous forme de solution mère dans le volume VD de diluant. Après homogénéisation, on mesure l'absorbance AD1à 520 nm et l'absorbance AD2à 650 nm (a priori nulle sauf imperfections de diffusion).
• L'analyse des absorbances obtenues permet de calculer VU.

La formule est la suivante :

formule-eclt (1K)

Avec AS=AS1-AS2 et
Avec AU=AD1-AD2

- R : dilution de la solution mère avec le diluant pour créer l'étalon
- VU : le volume à contrôler
- AS1 : absorbance de l'étalon à 520 nm
- AS2 : absorbance de l'étalon à 650 nm
- VD : le volume de diluant mis en oeuvre pour l'essai
- AD1 : absorbance de l'essai à 520 nm dans la
- AD2 : absorbance de l'essai à 650 nm dans la

(cliquer ici pour la démonstration de la formule)

Même si la démonstration de la formule ne vous intéresse pas, il faut avoir à l'esprit l'intérêt de ce mode opératoire en cellule à circulation :
- il permet de ne pas avoir à tracer la concentration exacte de la solution mère ni d'avoir à connaître la valeur du coefficient d'absorbance spécifique ;
- il compense les imperfections éventuelles de diffusion ;
- il fait abstraction de la longueur exacte de trajet optique de la cuve à écoulement.

Ainsi si on travail avec de la verrerie jaugée raccordée, une température aux variations évaluées, avec un spectrophotomètre aux qualités métrologiques raccordées et dont la non-linéarité dynamique sur le protocole aura été évaluée, on pourra réaliser un calcul excat d'incertitude-type composé sur le volume. La méthode est raccordée.

2. Détermination de l'incertitude-type composée sur les volumes essais (VU)

La méthode proposée n'a de sens que si elle est raccordée aux étalons internationaux et qu’on peut estimer l'incertitude composée sur le volume VU (il faut aussi que l’incertitude soit faible devant les spécifications).L'incertitude-type composée sur les mesurages VU est déterminée en utilisant la loi de propagation des incertitudes-types. Elle exige de dériver la formule donnant VU selon tous les paramètres pouvant entraîner des incertitudes : linéarité de réponse combinée de l’ensemble spectrophotomètre/colorants, fidélité en absorbances du spectrophotomètre, dérive en longueur d'onde du photomètre, incertitudes sur la verrerie utilisée pour réaliser R et VD, variations de températures, imperfection des homogénéisations, incertitude du pH exact du diluant et problèmes d'évaporation. On peut alors calculer une incertitude composée élargie. Et comme on verra qu'on aura uniquement des variables indépendantes, la forme de la loi de propagation des incertitudes-types se résumera à :

u(y(x1,x2, ...xi... xn))
=

propag_ectyp (1K)

• u(y) : incertitude-type composée ;
• ci : les différentes dérivées partielles aux xi
• u(xi) : les incertitude-types pour chaque variable xi
Formule valable uniquement pour des variables indépendantes

(cliquer ici pour avoir accès aux différentes composantes d'incertitude et aux dérivées partielles)

Une fois les différents ci et u(xi) connus (selon le lien ci-dessus), il suffit alors d'appliquer la formule du tableau ci-dessus pour obtenir l'incertitude-type sur le volume essai VU. L'idéal est de travailler avec une feuille de calculs.

En voici une établie avec le tableur openoffice : incertitude-type composée contrôle p2-10 écoulement (.ods).

Et pour ceux qui ne veulent pas d'openoffice (pourquoi ?) la version pdf, mais alors y'a pas d'accès aux formules ... incertitude-type composée contrôle p2-10 écoulement(.pdf) .

On peut retenir que vers 1 μL, selon le matériel utilisé, on obtient des incertitudes-types sur les volumes essais VU vers 0,5% à 0,7%. Soit des incertitudes élargies (k=2, confiance 95%) vers 1 à 1,4%. Ce qui permet de vérifier des pipettes à piston avec des écarts maximum tolérés (EMT) à 5% (un EMT classique) de façon très satisfaisante.