6. Étalonnages pour mesures à températures variées
On rappelle la structure de la chaîne de mesurage :
électrode de référence externe | jonction électrolytique | solution 
d'analyte | électrode indicatrice
On rapelle que par convention, c'est l'électrode de référence externe qui est connectée à la borne 
"négative" du voltmètre.
Soit E le potentiel mesuré et pHx le pH d'une 
solution à mesurer.
| 
La possibilité d'un étalonnage réalisé à une température différente des futures températures 
des solutions à mesurer tient à une propriété particulière des fonctions 
E=f(pHx) des chaînes de mesurage (voir lesquelles plus loin ...).
 Si on trace les droites d'étalonnage à différentes températures 
on obtient un faisceau de droites qui ont pour coefficient directeur
 - (βRTLn(10)/F)
 et qui passent toutes (à pas grand chose près ... 
voir plus loin ...) par un point commun appelé point isopotentiel I. Appelons Eiso et
pHiso les coordonnées de ce point.
 | .jpg)  | 
| R : constante des gaz parfaits, Ti : température en Kelvin, 
F : Faraday en Coulomb,  b 
 est un coefficient caractéristique de la chaîne de mesurage sur une période donnée, il est constant
 pour une série de mesures, proche de 1 (généralement >0,98).
 
 | 
Si on veut bien admettre que le point d'isopotentiel I(pHiso,Eiso) existe,
 on voit bien que s'ouvre alors la possibilité de mesurer à une température différente de 
la température d'étalonnage : l'étalonnage réalisé 
 à une certaine température aura pour logique de fixer les coordonnées du point I(pHiso,Eiso) 
 et de déterminer le coefficient β). Les fonctions E=f(pHx) aux autres températures seront alors aisément 
calculables par l'appareil de mesure puisqu'on en connaîtra un point (I) et la pente 
(- βRTLn(10)/F).
 
Cher lecteur, le mieux étant l'ennemi du bien, il serait certainement très sage d'en rester là pour les explications et de simplement rajouter 
l'information suivante : pHiso= pH solution de référence interne =7 
et Eiso = quelques millivolts (o V en théorie), le potentiel dit d'asymétrie de l'électrode de verre (et oui, 
l'électrode que vous utilisez n'est pas parfaite). Cher lecteur allez alors directement à la fin de cette page  pour lire comment les fabricants 
prévoient pratiquement la réalisation de mesures à des températures variées. Ou jetez vous en préalable dans les explications qui suivent ...
Mais la qualité du point isopotentiel n'est pas telle qu'une 
discussion plus complexe ne s'impose pas à certains ! et c'est ce que nous nous proposons de faire. 
Donc en route pour un peu (beaucoup) de complications ...
| Soit E le potentiel mesuré aux bornes de la chaîne de mesurageSoit Eref,e le potentiel de la référence externe
 Soit Eind le potentiel développé par l'électrode indicatrice au contact de la solution d'analyte
 Soit Ej le potentiel lié à la jonction "analyte/électrode de référence 
externe"
 
 
 La construction de la chaîne de mesurage conduit à : E = Eind - Eref,e + Ej
    (eq. 1) 
avec Eref,e = E0ref,e - (RTLn(10)/F)*Log(ae,Cl-)
   (eq. 2)
 avecEind = Emv + E0ref,i - (RTLn(10)/F)*
Log(ai,Cl-)   (eq. 3)
 et Emv = (βRTLn(10)/F)
*Log(ae,H+/ai,H+) + Easy
   (eq. 4)
 | 
E0ref,e = potentiel normal de la référence externe (électrode Ag/AgCl ou ECS)E0ref,i = potentiel normal de la référence interne (électrode Ag/AgCl ou ECS)
 ae,Cl- = activité des ions Cl- de l'électrode de référence externe
 ai,Cl- = activité des ions Cl- de l'électrode de référence interne
 Emv = potentiel de membrane lié à la membrane de verre sélective
 ai,H+ = activité des ions H+ de l'électrode de référence interne
 ae,H+ = activité des ions H+ de la solution à mesurer
 Easy = potentiel d'asymétrie lié à la non identité parfaite des 2 faces de 
la membrane de verre. Il évolue lentement dans le temps.
 b = écart de la membrane à un comportement idéal 
de Nernst, b est proche mais inférieur
 à 1
 | 
| 
 Les formules (eq.2), (eq.3), (eq.4)
 injectées dans (eq.1) permettent d'écrire : 
E = (βRTLn(10)/F)*
Log(ae,H+/ai,H+) + Easy + E0ref,i - (RTLn(10)/F)*
Log(ai,Cl-) - E0ref,e + (RTLn(10)/F) * Log(ae,Cl-)
 + Ej Soit puisque le pH est l'opposé du logarithme décimal de l'activité des ions H+ :
 
 E = E0ref,i - E0ref,e + 
(RTLn(10)/F) * Log(ae,Cl-/ai,Cl-)
 + Easy + Ej 
+ (βRTLn(10)/F)
 * pHi - (βRTLn(10)/F)
 * pHx  (eq.5)
 où pHi désigne le pH de 
la solution de la référence interne et
pHx le pH de la solution à mesurer | 
En posant A = E0ref,i - E0ref,e + 
(RTLn(10)/F)*Log(ae,Cl-/ai,Cl-) + Easy + Ej 
+ (βRTLn(10)/F)
*pHi 
on retrouve l'équation fondamentale présentée dans
 le paragraphe 3.2 (le paragraphe précédent) à savoir : 
E = A - (βRTLn(10)/F) 
* PHx. 
A température constante équilibrée pour les étalons et les mesures 
la fonction d'étalonnage E=f(pH) est une droite affine. 
| Mais reprenons la formule (eq.5) en supposant 
un système de mesure pour 
lequel la référence interne et la référence externe sont identiques. On obtient alors :
 
 
E = Easy + Ej 
+ (βRTLn(10)/F)
*pHi - (βRTLn(10)/F)
*pHx    (eq.6)
 
En effet, si la référence interne et la référence externe sont identiques, alors
 E0ref,i = E0ref,e  et
   ae,Cl- = ai,Cl-
 
 
 De (eq.6), en admettant que Easy et Ej 
 sont constants dans une série de mesures, on peut énoncer :Toutes les fonctions E=f(pHx) - chacune  pour une 
 température donnée - sont des droites qui 
passent par le point de coordonnées 
(pHi ; Easy + Ej) 
.
 Leur pente a pour valeur
 - (βRTLn(10)/F).
 Pour poursuivre l'analyse, il faut maintenant présenter une 
propriété des équations de droites, à savoir :
 Quel que soit le réel a coefficient directeur, toutes les droites et 
seulement les droites d'équation 
y = ax + ai + j avec i et j deux réels quelconques donnés passent par le point commun 
C de coordonnées (-i,j).
 Regardons maintenant de très près l'équation (eq.6) à la lumière de cette propriété. Si Easy + Ej 
est constant et si pHi est constant, alors
 
toutes les fonctions E=f(pHx)   sont des droites et 
convergent au point de coordonnées 
(pHi ; Easy + Ej) 
et leur pente est
 - (βRTLn(10)/F).
 Le potentiel d'asymétrie Easy d'une électrode de verre n'évolue que très lentement 
dans le temps et la valeur des potentiels de jonctions Ej est très faible pour 
la plupart des milieux (voir la discussion sur les potentiels de jonction à l'item 3. du menu de gauche 
). Les fabricants utilisent des remplissages 
de la référence interne qui font que pHi varie assez peu avec la température.
 La propriété de convergence énoncée ci-dessus est donc
à peu près vraie pour une série de mesures limitées dans le temps ! Le point 
de convergence est appelé point isopotentiel I et 
on peut dire que ses coordonnées I(pHiso ; Eiso) sont telles que :
 pHiso = pHi (le pH de la référence interne)
 Eiso = Easy +  Ej # Easy
 Voilà, on vient de retrouver la propriété de convergence présentée en début de page (cqfd)!
 | 
Et bien, c'est presque fini. Il faut maintenant regarder comment les fabricants 
d'appareillage gèrent pratiquement les mesures à températures variées. Avec les appareils actuels, c'est assez simple 
:
L'appareil est un appareil récent qui dispose d'un capteur de température :
- On permet à l'appareil de construire une droite d'étalonnage à une température
 donnée à l'aide de 2 étalons équilibrés à cette température. Cet étalonnage permet de déterminer
  β.
- Comme l'appareil connaît pHiso (c'est le pH de la référence interne ; ce pH  est de 7,00 à 25°C ; il a été réalisé avec une solution de pH 
le plus stable possible aux variations de température) , la droite 
d'étalonnage qu'il vient d'établir lui permet de calculer Eiso.
 Il réalise ce calcul (la plupart des fabricants parlent de la détermination 
 de Easym ; ils négligent évidemment les potentiels de jonction). L'appareil compare la 
 valeur calculée à des valeurs limites de rejet (en général l'asymétrie est comprise 
 entre +15 et - 15 mV et ne dépasse pas l'intervalle +30 à -30 mV pour des 
 électrodes en état).
- L'appareil "connaît" ainsi β 
et les coordonnées (pHiso,Eiso) : il peut construire les fonctions E=f(pH) 
pour toutes les températures. Et donc déterminer le pH d'une solution inconnue pour 
une température de mesure différente de la température d'étalonnage grâce au capteur 
de température.
Certains appareillages moins modernes sont plus "figés":
- L'étalonnage de départ se passe vers 25°C. On commence obligatoirement avec un étalon de pH 7,00, le pHiso 
(tous ces appareils utilisent des électrodes de références internes avec une valeur 
de pH de 7,00 à 25°C, pH stable aux variations de température). L'appareil détermine ainsi les coordonnées du point isoélectrique
 I (pHiso,Eiso)
- Un deuxième étalon de pH permet ensuite (et seulement ensuite) de déterminer 
β
- L'appareil "connaît" ainsi β 
et les coordonnées (pHiso,Eiso) : il peut construire les fonctions E=f(pH) 
pour toutes les températures. Et donc déterminer le pH d'une solution inconnue pour 
une température de mesure différente de la température d'étalonnage grâce au capteur 
de température.
Mais il faut bien avoir en tête que le point (pHiso,Eiso) n'a qu'une existence d'"à peu près".
Les mesures seront d'autant moins exactes qu'on les réalise à une température T
 très éloignée de la température d'étalonnage.
 
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